Tout voyage naît d’un fantasme, d’un rêve, d’un délire…Ici l’histoire est un peu plus longue, un peu plus complexe, et nous renvoie à notre longue itinérance Pole-pole de 2017-2018. Depuis ce long périple nous rêvons d’un géant de glace et de neige : Le Mont Lénine ! Nous avons pourtant tout organisé…et si la vie avait suivi son long fleuve tranquille…alors en juillet 2020 faisant honneur à ce géant et à la promesse que nous lui avons faite depuis la haute route du Pamir, nous aurions gravit ce sommet tant désiré. Mais voilà, la vie s’est brusquement déréglée, en mars 2020, alors que l’on nous imposait un confinement; le premier d’une longue série d’interdiction au nom du Covid. Nos espoirs de retourner au Kirghizistan se sont envolés à ce même moment…mais gardant benoîtement espoir que la vie reprendrait ses droits nous avons rêvé de reprendre la clefs des champs… et nous rêvions déjà de la solitude en Écosse, aux îles Shetland et aux îles Féroées… Sauf que le bouleversement du Covid n’aura pas été l’affaire d’une saison mais bien d’une paire d’année… Le mont Lénine patiente et un jour nous tiendrons notre promesse… les îles Féroés et Shetland se sont isolées du monde en supprimant les ferry ( leur solution à la crise du Covid)
Brefff… nous voilà un peu perdus, en manque de liberté, nos esprits divaguent, et nous repensons à ce grand voyage qui nous a tant nourris ! A l’époque quand il avait fallu décider de la route pour traverser l’Europe et rentrer en France, nous avions opté pour l’ex Yougoslavie puis la Slovénie et l’Italie où des retrouvailles nous attendaient…
Ceci dit, nous avions beaucoup hésité avec la traversée par le Nord, par les pays Baltes
Voilà donc l’histoire un peu biscornue de ce nouveau trip… Faire la route que nous n’avons pas faite il y a maintenant 3 ans .
C’est donc ainsi que nous arrivons le 28 septembre à Tallinn, capitale de l’Estonie!
Tallin, point de départ
Nos premiers pas se feront donc à Talinn, capitale de l’Estonie. Une ambiance désuète, des visages sans masques qui osent un sourire, une ville qui semble s’inscrire dans une lenteur souhaitée… malgré que l’Estonie soit un pays définitivement tourné vers la robotique et les nouvelles technologies ;on a l’impression ici de remonter un peu le temps ; à une époque où les tracas du Covid n’existait pas encore et où les « business man » ne courent pas frénétiquement après un agenda over-booké. Ici on prend le temps de déguster son café en profitant des rayons de soleil automnal. Au delà de ce rythme plaisant, c’est le charme des ruelles pavées, des façades classiques aux couleurs pastels, des nombreux clochers et les fortifications qui nous séduisent.
Enfin avant de prendre la route direction Riga, Zebulon et Tornado ( un peu maltraités dans leur cartons) se font bichonner par la joyeuse équipe de CityBike… qui nous donne aussi plein de tuyaux pour notre traversée…. L’équipe est prête à prendre la route !
Un petit tour en Estonie et puis
Un petit tour en Estonie et puis s’en va
beau soleil, une piste cyclable pour sortir de Talinn…c’est plein d’enthousiasme que l’on commence à rouler cap au sud pour rejoindre Riga. Kilomètres après kilomètres loin de l’agitation de Talinn, le silence se fait de plus en plus présent et nous continuons à nous enfoncer dans la forêt…nous retrouvons un peu de vie quand nous atteignons Parnu, charmante petite ville côtière.
Le vent étant malgré tout frais, on espérait bien se réchauffer avec quelques haltes café nous donnant aussi l’occasion de papoter avec les locaux….mais les villages Estoniens se révèlent bien petits, réduit au strict minimum, sans place du village, sans café ni restaurant …à peine une supérette et quelques fermes ! Surprenante Estonie qui nous apparaît presque comme un pays un brin fantomatique, une immense forêt où règne le silence.
Lettonie, nouveau pays , nouvelle ambiance
Après cette traversée un peu furtive, sans vraiment réaliser que nous traversons la frontière nous voilà déjà en Lituanie. La forêt dense s’estompe un peu, ici l’homme a pris possession des terres, la forêt laisse sa place à une campagne agricole…C’est un peu éreintés, après une journée sur une petite route cabossée à lutter contre un vent violent, que nous arrivons aux charmants petits village de Limbazi…Enfin nous sortons de la solitude de ces derniers jours, savourant l’accueil des villageois et le confort d’une nuit confortable au presbytère. Le lendemain, baignés par les rayons de ce soleil d’automne, les champs défilent sous nos yeux jusqu’à rejoindre cette fois encore la côte…ici les petites villes balnéaires s’animent et nous profitons enfin d’un petit café emberlificoté dans un plaid bien chaud pour nous adapter aux habitudes locales. Ici, dans ces pays pourtant à la météo rude, les gens ne s’enferment pas dans un café, ni dans un restaurant. Ici on profite du grand air. Enfin, entre parc et grandes allées bordées d’immeubles aux façades art et déco, nous voilà déjà dans les ruelles pavées du vieux centre de Riga pour une petite journée de visite
Riga, ville au deux facettes Au loin la silhouette élancées des flèches des clochers des multiples églises, de plus près les couleurs pastels des façades, de l’intérieur un léger brouhaha qui s’élèvent des multiples terrasses de cafés…Non le vieux centre de Riga n’est pas qu’une petite ville musée qui fait écho à une histoire tumultueuse et un perpétuel ballottage entre empire Germanique et Russe…mais Riga est une petite citée vivante où il fait bon vivre…puis de l’autre côté des anciens murs de la ville, au sein d’une ambiance plus feutrée nous flânons nez au ciel pour admirer les façades des immeubles style art nouveau.
Lituanie, pays de tous nos efforts Dans le voyage à vélo, il existe quelques vérités dont l’une étant que sortir d’une grande ville (entre bruit et automobilistes trop pressés) nous rappelle inéluctablement notre vulnérabilité…Riga n’échappera pas à cette vérité…mais cette fois-ci c’est pendant 50km, qu’un flot ininterrompu de camions nous chahute jusqu’à ce qu’enfin nous puissions retrouver le calme et savourer les paysages de la Lettonie. Le calme à peine retrouvé, sirotant un café sur un petit banc , nous savourons déjà nos derniers instants en Letonnie…La Lituanie se révèle vite un pays un peu plus agricole; la forêt a ici presque complètement disparu pour laisser la place à d’immenses champs. Les rayons de soleil rendent les champs de colza couleur or et les petits arbustes ont pris des couleurs rouge vif de l’automne …puis c’est le soleil couchant qui nous offre une arrivée spectaculaire sur le lac de Birzai…où nous arrivons éreintés. Car il existe une autre vérité en velo : le vent est toujours contre le sens du cycliste. Depuis Riga, Eole furieux de notre intrusion en pays Baltes rugît tous les jours un peu plus… Nous luttons face à un vent de 35km/h, des bourrasques à même 50km/h…Vilnius capitale de la Lituanie se méritera. Heureusement la campagne vallonnée Lituanienne, les couleurs de l’automne, les adorables villages aux maisons de bois, les petits clochers pointus sont autant de bonnes raisons pour contrer Eole, et après 3 rudes journées, nous rejoignons la troisième et dernière capitale des pays Baltes.
Vilnius, la plus grande, la plus proprette, la plus moderne Après la cité Médiévale de Talinn, les façades «art nouveau» de Riga, …malgré que la tour Gediminas depuis sa minuscule colline nous rappelle que la Lituanie a été un immense empire… ce sont les façades classiques, les grandes tours de verres, les reliquats du ghetto juif, les cafés branchés, le quartier artistique de Uzupis qui donne à Vilnius son identité toute spéciale, une allure plus contemporaine…Ici il fait bon vivre, on en oublie déjà tous les efforts qu’il nous aura fallu pour rejoindre Vilnius !
Derniers kilomètres jusqu’à Varsovie L’hiver étant bel et bien arrivé en Lituanie, c’est sous un beau ciel bleu que seul l’hiver sait nous offrir que nous reprenons notre itinérance…cette fois-ci le cap vers Varsovie. Quelques grandes allées, puis une petite piste forestière nous permettent de quitter Vilnius et nous rejoignons déjà l’agitation du petit village de Trakai qui nous dévoile fièrement son château. Ce dernier instant citadin passé, nous retrouvons la solitude des petites routes de campagne…Vallons après vallons nous sillonnons une région de lacs, chacun sublimant les couleurs de l’automne reflétant la forêt déjà couleurs rouge et or et nous offrant une atmosphère de sérénité dans laquelle nous nous immergeons immédiatement. Et puis la région des lacs passée, plus nous approchons de la Pologne, plus nous retrouvons une campagne agricole. Depuis la Lettonie, c’est une campagne agricole et rustique que nous avions traversé…alors que nous dirigeant vers la Pologne c’est une campagne plus coquette et plus confortable que nous découvrons. Les villages sont plus cossus, les jardins y sont fleuri avec grand soin, les fermes sont mieux équipées… Enfin, entrant dans une forêt au milieu de nulle part, nous basculons en Pologne…Ici encore nous franchissons une frontière incognito alors que bientôt nous apprendrons que la réalité des frontières Polonaises est un peu plus complexe, un peu plus sombre. Pour l’heure c’est le cœur léger, porté par l’enthousiasme d’être déjà en Pologne, que nous pédalons bon train jusqu’à une adorable petite ville où Joanna nous accueillera pour une nuit. L’occasion pour nous de poser mille et une question sur le pays, de comprendre que les dernières nuits à -2 degrés sont juste le début d’un hiver rude et neigeux (jusqu’à -20 degrés) qui va s’installer comme chaque année pour 6 mois. Voilà un mode de vie loin du notre; européen de l’ouest où les températures sont tellement plus clémentes ! Et puis bien sûr la Pologne c’est aussi les soubresauts de la politique, le pays est en emois, en tension …secoué par les manifestations…un peuple qui ne comprend plus ses dirigeants et ses positions obtus contre l’Europe…Enfin Joanna, à l’approche de cette nouvelle nuit froide, évoque les réfugiés, qui ballottés par la Biélorussie et rejetés par la Pologne, périssent trop nombreux dans les forêts frontalières de Pologne Une réalité bien triste…le lendemain en repartant nous comprenons mieux la présence démesurée des forces policières le long des routes… Bien sûr un voyage n’est pas que paysages et kilomètres avalés bon train…c’est aussi écouter ce que les locaux ont à nous raconter. Puis, retrouvant notre itinérance nous continuons à traverser la campagne Polonaise, nous continuons d’y apprécié les jolis villages…jusqu’à être un peu trop près de Varsovie et de nous retrouvé bourlinguer par un flot constant d’énormes camions…Zebulon et Tornado ne font pas les fiers, nous non plus …Après quelques grosses frayeurs nous sautons dans un train pour finir de rejoindre Varsovie.
Varsovie, 3 jours, 3 ambiances Varsovie capitale de la Pologne est certes une grande ville moderne, tournée vers le futur comme le quart des gratte-ciel aux alentours de la gare centrale nous le rappelle immédiatement …Mais, pour nous, ce nom évoque surtout l’histoire et les tumultes du siècles précédent. Première Ambiance: Historique ! Depuis Tallinn nous nous sommes immergés dans l’histoire de ces empires et notamment l’histoire d’un des plus grands Royaume de l’Europe de l’Est quand Polonais et Lituanien s’allièrent…époque qui correspond à l’avènement de Varsovie en temps que capitale du royaume Alors pour nos premiers pas dans Varsovie, bien sûr, nous ne sommes pas surpris de découvrir les belles allées aux façades classiques, reconstruites après les bombardements de 1945…Mais Varsovie c’est aussi un château et une cité médiévale (bien sûr complètement reconstruit suite aux bombardements) qui nous ramène à la grandeur de ce royaume. Seconde ambiance: Musicale….Car Varsovie est aussi le berceau d’un grand Musicien : Frédéric Chopin. Nous lui dédions une journée, entre musee, eglises mais surtout le soir nous nous laissons bercer par ces mélodies lors d’un petit concert. Dernière ambiance: dramatique…car avant de quitter Varsovie nous ne pouvons plus ignorer la facette que nous connaissons le mieux : son Ghetto et le drame de l’Holocauste. Niché en plein cœur du quartier qui était le Ghetto juif, le musée le plus important de cette ville, celui dédié à l’histoire des juifs polonais…une visite longue, pénible et triste…nous ramène à cette sombre page de l’histoire, nous laissant bien sûr pensifs devant l’hypocrisie des pays à avoir nié si longtemps, pensif sur la barbarie des hommes qui ont imaginé cette solution, admiratif de la combativité de l’homme… Après une pause riche en visite, il est temps pour nous de continuer notre périple Polonais.
Dernière étape Polonaise : Poznan Les jours défilent toujours plus vite quand la vie est riche en expérience et en apprentissage…déjà il faut se diriger vers Berlin ! Mais après ces 3 semaines passées, immergées dans l’histoire et notamment celle du grand royaume Polonais, on se doit de boucler la boucle à Poznan où les premiers rois de Pologne sont enterrés. Poznan c’est aujourd’hui une adorable petite cité médiévale, où il fait bon flâner dans les ruelles pour rejoindre la place du marché qui est simplement magnifique bordée par des maisons aux façades colorées et décorées. Enfin à midi, nous nous prêtons aux habitudes et nous applaudissons les petites chèvres qui frappent les douze coup de midi…
Pologne, fin du périple pour Tornado et Zebulon Un peu parce que les derniers kilomètres vers Varsovie nous ont montré que les routes de cette région sont un peu lassantes et dangereuses à vélo…Mais aussi parce que à force de visiter, et parce que nous voulons encore dédier quelques journées à Berlin, il semble que nous allons manquer de temps pour pédaler jusqu’à Berlin. Alors nous confions Tornado et Zebulon au soins d’Adam …Voilà ce sont de grands garçons maintenant, ils savent prendre l’avion sans nous 😂
Last stop in Berlin Dans toute idée, il y a un début et puis il y a une conclusion…Notre escapade à travers l’Europe de l’Est se conclue dans la ville qui symbolise trop tristement cette séparation de l’Europe de l’ Est et celle de l’Ouest: Berlin! Ici tout y est question d’équilibre et de mélange des genres…car ne l’oublions pas Berlin c’est aussi l’histoire d’une reconstitution: celle de l’Allemagne mais aussi de l’Europe. Après 1945, certains bâtiments ont bien été reconstruits à l’identique dans Un soucis historique, mais de nombreux quartiers se sont réinventés, d’autres ont été les vitrines respectives de deux visions de l’Allemagne qui s’opposaient …donc, ici, à Berlin, les façades classiques cohabitent avec des bâtiments bien plus modernes tout de verre et d’acier….d’autres quartiers portent eux les stigmates du style soviétique: robustes et efficaces rejetant toute préoccupation esthétique… Et les quais du Bundestag, comme pour faire un pied de nez à l’histoire douloureuse du mur, mettent à l’honneur une matière: Le béton… Et c’est bien cette même matière, symbole de modernité, qui a été utilisée pour se souvenir…Le Mémorial de l’holocauste est juste admirable ! Ce labyrinthe d’énormes blocs de bétons qui nous écrasent, qui nous coupent du temps et du bruit de la ville, nous immerge dans le souvenir douloureux de cette guerre et de ces victimes… Enfin, au milieu de cette équilibre des styles architecturaux…Berlin c’est aussi le mélange des styles, c’est une ville alternative, un musée à ciel ouvert du Street Art… À Berlin, il faut bien sûr aller voir le mur et les si célèbres fresques…mais il faut surtout flâner dans les rues pour admirer des œuvres d’art…Ici le mur n’est plus la trace de cette division de l’Europe, ici le mur de Berlin a trouvé sa place dans un projet artistique où chaque fresque nous livre son message.
Clap de fin La conclusion de cet énième périple est quand à elle bien simple… Pendant ces quelques semaines, nous avons une fois de plus admirer de magnifiques paysages, rencontrés beaucoup de personnes bienveillantes malgré une froideur somme toute culturelle, nous avons encore découvert des habitudes de vie différentes qui une fois de plus nous ont amené à réfléchir aux notre…Bref il était temps de pouvoir enfin franchir à nouveau les frontières, de pouvoir oublier notre quotidien confortable… pour s’ouvrir un peu aux autres, se rappeler qu’il y a tant de choses à apprendre en dehors de notre beau pays et se rappeler qu’il n’y a pas plus grand luxe que celui d’avoir du temps !